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La vallée de la Vire entre le pont de Candol et le pont de Gourfaleur

La Vire longue de 120 km  a un cours orienté globalement Sud Nord. Traversant les collines du Mortainais et du Virois, elle ralentit son cours et s'élargit entre Tessy sur Vire et Saint-Fromond avant de traverser les marais et de se jeter dans la Manche en baie des Veys.Le site décrit ici se situe en amont de Saint-Lô. Dans ce secteur, la Vire a été remodelée pour la navigation et le transport avec des seuils, des barrages,  des écluses.  Des biefs alimentaient  en eau moulins et plus tard micro-centrales. Le chemin de halage permet de suivre longuement le cours de la Vire.

DSC_5438.JPGA trois kilomètres du centre ville de Saint-Lô, la vallée de la Vire présente des aspects très diversifiés qui en font un site riche d'observations,. Entre le pont de Gourfaleur et le pont de Candol, la Vire paresse et dessine des méandres que l'homme a rectifiés par endroits pour donner à la rivière un cours plus rectiligne. Les traces de l'intervention humaine sont une ancienne écluse et son bief ainsi que le bras mort de la Vire souvent en eau  qui constitue une zone humide intéressante. Les prairies humides s'étendent en rive gauche alors que la pente remonte rapidement en rive droite pour offrir un paysage plus bocager et boisé. En amont du pont de Candol, les prés sont régulièrement inondés en hiver. Quelques fossés bordés de phragmites et saules ou des haies denses avec aubépine, sureau, prunellier, délimitent les parcelles. L'ancien cours de la Vire a laissé place à un fossé profond bordé de joncs et au bras mort de la rivière . La plupart des parcelles de rive gauche sont exploitées en herbe pour la fauche et la pâture : une seule grande parcelle est exploitée en culture de maïs. L'ancienne voie ferrée délimite le périmètre au sud. Abandonnée depuis longtemps, elle est longée par des haies bien fournies peu entretenues avec des ronciers relativement importants et une végétation arbustive assez luxuriante.

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En hiver, les prés humides sont fréquentés par des laridés (mouette rieuse et goélands cendrés) qui exploitent les dépressions inondées. Un dortoir de grands cormorans est installé sur des aulnes en bord de rivière alors que hérons et aigrettes (grande aigrette et aigrette garzette) fréquentent  le bras mort de la Vire. Le chevalier culblanc peut y être observé , ainsi que le grèbe castagneux, la foulque macroule et la poule d'eau. Quelques canards colverts et à l'occasion, quelques sarcelles d'hiver ou souchets en migration sont visibles ici et là. La bécassine des marais est relativement commune en période de froid sur les prés à joncs . Les aulnes encore nombreux le long de la rivière accueillent des troupes plus ou moins nombreuses de tarins des aulnes et de chardonnerets. Pinsons du nord, mésanges et roitelets circulent dans la végétation des rives. A la fin de l'hiver, pipits farlouses et bergeronnettes de Yarrell arpentent les prairies qui s'assèchent peu à peu. Le grimpereau est régulier ; il apprécie l'écorce rugueuse des aulnes. Les pics épeiches et épeichettes aiment les vieux bois ou pourris des zones humides. Le pic noir y est de plus en plus fréquemment observé : les aulnes malades à l'écorce totalement arrachée prouvent son passage. Les quatre grives sont bien présentes partout, grive draine dans les peupliers, grives mauvis et litornes sur les sols frais et musiciennes dans les haies bocagères. La bécasse est occasionnelle sous le remblai boisé de l'ancienne voie ferrée.

 

DSC_4160.JPGAu printemps, ce site est un lieu de repos et de nourrissage pour de nombreux passereaux en migration. Le pouillot fitis y fait toujours un passage remarqué dans la saulaie. La bergeronnette printanière et le pipit spioncelle sont visibles au bord des mares provisoires qui s'assèchent. Le phragmite des joncs et le tarier des prés font une halte le long des fossés humides à phragmites. Le traquet motteux se repose sur les parties découvertes. Les limicoles séjournent ici, sur les rives vaseuses, surtout les chevaliers guignettes et culblancs.

Les hirondelles utilisent le couloir naturel qu'est la Vire pour rejoindre leur lieu de nidification : quelques hirondelles de rivage creusent leur nid dans les micro-falaises sableuses de la rive ( une dizaine de couples), hirondelles de cheminée et de fenêtre s'installent dans les bâtiments de quelques fermes ou habitations voisines.

Les trois espèces nicheuses typiques de la rivière sont observées , le martin-pêcheur discret mais bien présent, la bergeronnette des ruisseaux qui occupe les constructions humaines (ponts, écluses) et la poule d'eau dans la végétation des rives.

Les rapaces sont installés dans le bocage, buse variable, faucon crécerelle et épervier . La bondrée apivore est observée régulièrement mais elle doit nicher un peu plus haut dans une zone boisée. Le faucon hobereau est régulièrement à la recherche de quelque passereau distrait ou de libellules.

DSC_4162.JPGLes haies denses de prunellier, aubépines et ronces qui délimitent certaines prairies de la rive gauche accueillent des nombreux passereaux nicheurs, linottes mélodieuses, verdiers d'Europe, bouvreuil pivoine et bien sûr, fauvettes à tête noire et fauvette des jardins. La fauvette grisette est plus rare. La rousserolle verderolle fait entendre ses imitations le long des fossés herbeux plantés de saules. L'hypolaïs polyglotte circule dans les haies qui bordent l'ancienne voie ferrée.

Les corvidés utilisent la vallée et les prairies des collines environnantes comme zone de gagnage pour nourrir les jeunes. Une colonie importante de corbeaux freux est installée dans les peupliers, en aval sous le château de la Vauzelle.

Les eaux stagnantes du bras mort et du bief permettent au grèbe castagneux et à la foulque macroule de se reproduire si le niveau d'eau est suffisant cependant.

Le coucou est aussi bien présent et il suffit de suivre l'ancienne voie ferrée pour entendre le doux chant de la tourterelle des bois qui niche dans ces secteurs de végétation dense.

Le passage post-nuptial est plus ou moins sensible : limicoles et hérons sont visibles sur le bras mort ou sur les parties vaseuses des rives. Le gobemouche gris est présent tard entre le bras mort et la voie ferrée ou sur les prés humides. Des observations exceptionnelles peuvent être effectuées le long de la voie ferrée et des haies voisines (torcol fourmilier, locustelle tachetée par exemple).

Il conviendra de profiter de jours calmes pour arpenter ce site. Le chemin de halage est en effet très fréquenté pendant les week-ends et sert de promenade pour les chiens . Il ne faut pas hésiter à s'écarter du passage et se risquer dans les prés humides et le long des fossés et du bras mort. Nul doute que le visiteur sera surpris de la diversité des espèces d'oiseaux, sans compter les mammifères bien présents, lièvre, renard, chevreuil, écureuil, hermine et campagnol amphibie.