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Le pays d'Argentan

Vaste zone... de plaine dirons peut-être certains, oui c'est vrai, mais atten-tion, pas seulement. Si les grandes cultures y couvrent effectivement quelques milliers d'hectares, calcaire oblige, le pays recèle aussi de nombreux sites où la nature a été moins bousculée et où l'avifaune qui y vit ne voit que rarement l'ombre d'un ornithologue.

Ainsi, au sud-ouest d'Argentan, il est possible en une demi-journée de découvrir plusieurs secteurs intéressants à commencer par la vallée de l'Orne en amont d'Ecouché. La rivière, peu large et parfois profonde à cet endroit, y coule lentement entre nénuphars et sagittaires. L'observateur y découvrira le grèbe castagneux (nicheur sur le cours d'eau) mais aussi héron cendré, colvert, poule d'eau, martin pécheur, bergeronnette des ruisseaux et parfois même sarcelle d'été ou foulque. Les hales des alentours abritent de nombreux passereaux auxquels s'ajoutent la chouette chevêche, le pigeon coIombin ou le pic épeichette que l'on recherchera dans les cavités des vieux frênes qul trônent encore ici et là (notamment sur la commune de Goulet). Le chant flûté du courlis cendré consti-tue aussi un des grands plaisirs de cet endroit.

Un peu plus au sud sur la commune de Fleuré, le petit marais de Fleuriel, bien que très dégradé, mérite le détour. Un chemin de terre y donne accès en longeant la saulaie-bétulaie ainsi que quelques secteurs plus humides envahis par la phragmitaie. Ràle d'eau, locustelle, rousserolle verderolle et effarvatte sont parmi les espèces phares de ce site tout comme le rossignol ou la mésange boréale ici en limite d'aire de répartition.

Encore un peu plus au sud, à 3 kilomètres, l'étang de Vrigny est un passage presque obligé. Depuis sa digue, on y dénombrera grèbes, canards et foulques. De mai à septembre, les chanceux y verrons peut-être la grande aigrette ou la cigogne noire sur la rive sud.

A 2 kilomètres à l'ouest de l'étang, une visite sur la lande de la Coudraie s'impose. On y accède par le GR36 venant de la commune de Francheville au sud ou de celle de Fleuré au nord. L'accès sud est conseillé car les champs caillouteux bien exposés sont un bon site pour l'alouette lulu et la pie-grièche écorcheur. La lande en elle-même avec ses 80 ha de callune et d'ajonc, abrite bon nombre d'espèces de passereaux dont la fauvette pitchou qui constitue le petit joyau du site. Côté rapace, le busard Saint-Martin y est visible réguliè-rement de même que la bondrée apivore et le faucon hobereau.

Et la plaine dans tout ça ! Elle a son charme dirons les uns, bof dirons les autres. Personnellement, je vous la conseillerai à 6h00 du matin en mai-juin sur la com-mune de Goulet ou sur celle de Sarceaux par exemple. Couleurs et senteurs au programme sur fond d'alouette des champs et de bruant proyer. La caille restera peut-être invisible mais probable-ment pas la perdrix grise ni le busard Saint-Martin (et parfois le busard cen-dré). Le cri là, c'est celui de la bergeron-nette printanière qui a colonisé (ou recolonisé) le secteur récemment... c'était dans le milieu de années 1990.

Bonne balade.